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Sites médias : une organisation ne fait pas un modèle économique



Sites médias : une organisation ne fait pas un modèle économique

[Ce billet a commencé à être rédigé la semaine dernière, il traine depuis, et là je n’ai que quelques minutes pour le pousser… Désolé de l’écriture rapide – considérez-le comme une discussion ouverte et non un article « publiable »]

Vu ce matin sur twitter cet article en anglais qui explique les raisons de l’échec du Huffington Post en Grande Bretagne
Vu bis chez frenchweb cette vidéo de Cédric Siré détaillant la constitution de sites « de contenu » à partir de blogs personnels.
Vu ter le buzz autour de l’interview de Marine Le Pen par Anne-Sophie Lapix, au cours de laquelle la première est prise en défaut de logique économique par la seconde.

Trois informations sans relation : je vous fais ma « working girl » (belle référence cinématograhique…) et vous explique ci-dessous l’association d’idées qui a conduit au titre de l’article.

Si le HuffPo n’est pas (encore) très connu chez nous, nous avons en France un site dont la structure est sensiblement identique : Le Post. Une proximité qui explique la fusion du Post.fr dans le Huffington Post.fr

Ces deux sites sont des succès d’audience sur leur marché respectif – et pour le HuffPo un (discutable) succès financier comme l’expliquait Benoit Raphael l’an dernier.

 

La différence d’approche d’organisation, clé du succès à court terme

Leur succès est venu de la rupture qu’ils ont apporté dans la notion de rédaction. Ils l’ont complètement décloisonnée, explosant un univers clos réservé à quelques journalistes à un vaste espace de dialogue, de discussion et de promotion pour les quidams comme pour les hommes politiques, les institutions, les entreprises.

Le souci du HuffPo version anglaise, comme du Post, est d’avoir assis leur stratégie sur un modèle de rédaction – la forme – et non sur une vision éditoriale – le fond.

Or, une fois la rupture de forme digérée par le public et copiée par les pairs (Le Lab, You, Express Yourself, etc), il ne reste plus que le fond pour se différencier.

Aujourd’hui, le manque d’auteurs de qualité qui vont chercher l’information pose un vrai souci dès que l’on s’intéresse à la pérennité de ces projets. Qu’ils soient journalistes ou blogueurs, peu importe, tant qu’ils apportent une valeur éditoriale et non un avis personnel.

L’approche éditoriale, clé du succès à long terme

A l’inverse, des sites tels Rue89 et Mediapart ont cherché avant tout à faire du journalisme, avec une plus ou moins grosse pinçée de contributions ouvertes.
Mediapart est en passe de réussir son pari financier par l’éditorial, là où Rue89 soutient son activité éditoriale par ses activités parallèles. Mais peu importe les moyens : les deux réussissent le pari de l’information de qualité sur internet.

Pour les journalistes « qui vont chercher l’info », la nouvelle est plutôt bonne, pour les blogueurs aussi. La problématique est plus compliquée pour ceux qui ont espéré gagner de l’argent sur un modèle de rédaction ouvert sans stratégie éditoriale.

Une constatation manifestement partagée par les nouveaux pure players comme newsring ou quoi.info. Ils utilisent la rédaction ouverte pour répondre aux besoins de leur stratégie éditoriale, tout comme le format de leurs articles, très spécifiques.

L’ouverture aux contributeurs est un moyen d’augmenter l’audience facilement. Au point que la production de la communauté représente aujourd’hui des parts importantes de l’audience globale – cf les près de 20% du monde.fr réalisés grâce aux blogs

Mais l’ouverture dilue l’intérêt des annonceurs. Si Lepost.fr a été l’un des premiers sites d’infos en audience, il a été un gouffre financier.

Plus largement, un média n’a pas de modèle économique sur une organisation. 
Et plus exactement, ce n’est pas l’organisation qui fait le modèle eco. L’organisation doit être choisie en fonction de choix éditoriaux, et non l’inverse.

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Cedric
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